Mediapart : Pédophilie et agressions sexuelles, le métier des prêtres français en Afrique

C’est une enquête qui fait grand bruit. Cette semaine une équipe de journalistes français (Mediapart, We report, Cash investigation) a révélé qu’au moins 25 évêques français ont couvert pendant des années plus d’une trentaine de religieux auteurs d’abus sexuels. Tout aussi grave, les auteurs présumés sont régulièrement mutés vers un autre pays pour échapper à l’exposition judiciaire et médiatique, dont beaucoup en Afrique.

D’après les journalistes de We report, Mediapart et Cash investigation, les destinations privilégiées sont l’Amérique latine et l’Afrique. Sur 95 cas de mutation suite à des accusations d’agressions sexuelles, une dizaine concerne l’Afrique francophone. Dans leur enquête, nos confrères documentent des cas dans trois pays différents.

En 2004, le père Robert est envoyé à Dubréka en Guinée, alors qu’en France il est accusé d’attouchements par des femmes majeures. L’archevêque de Conakry assure avoir demandé son départ immédiatement après en avoir été informé… 12 ans plus tard en 2016.

Un système à double sens selon les journalistes. En 2002, un autre frère, Albert, quitte précipitamment la Guinée pour la France après des accusations de pédophilie sur les joueurs du club de football dont il est alors président.

Au Cameroun les journalistes enquêtent sur le départ des frères de Saint-Jean de l’Eglise de Bertoua, suite à de nombreuses plaintes pour agression sexuelle. Ils affirment que l’affaire a été étouffée tant par l’Eglise que par la justice camerounaise. L’un des accusés, reconnu par ses victimes présumées, se trouve aujourd’hui à Bologne en Italie.

Les frères de Saint-Jean sont également mis en cause en Côte d’Ivoire, où le frère Jean-François Régis agresse plusieurs adolescents en 2007 avant d’être exfiltré vers la France où à la différence des autres il a été condamné l’an dernier.

Les journalistes évoquent des cas similaires au Sénégal, au Maroc ou encore au Burkina Faso. Si l’Eglise parle d’une « seconde chance » donnée aux prêtres, les journalistes soupçonnent une entreprise de couverture, dont l’ampleur serait largement sous-estimée.

RFI

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *