Résumé de « La Semaine Sainte » de Louis Aragon

L’action se déroule du 19 au 26 mars 1815 en France, durant la dernière semaine avant Pâques, dans le calendrier catholique dit passionné. Le roman est basé sur des événements historiques liés au retour à Paris de Napoléon Bonaparte, qui a fui l’île d’Elbe, où il était en exil. Le personnage principal de ce roman épique aux multiples facettes est le jeune artiste Théodore Géricault. En 1811, son père, Georges Géricault, avec l’accord de son fils, qui déteste la guerre, engage à sa place une recrue pour servir dans l’armée de Napoléon. Et pendant plusieurs années, Théodore s’est tranquillement engagé dans la peinture. Cependant, en 1815, il fut soudainement identifié comme le mousquetaire gris du roi Louis XVIII et fut ainsi impliqué dans les événements dramatiques qui bouleversèrent la France.

Dans la caserne des troupes royales de la banlieue parisienne, tôt le matin, l’ordre est reçu d’arriver dans la capitale au Champ de Mars, où le roi veut procéder à une revue dans l’après-midi. Quelle décision le roi prendra-t-il : défendre le Louvre et Paris selon le plan élaboré ou quitter la capitale, puisque Bonaparte s’approche très rapidement et pratiquement sans entrave de la ville ? Tout le monde discute de la nouvelle de la trahison du « fidèle » maréchal Ney, envoyé par le roi pour bloquer la route de Bonaparte vers Paris et passé du côté de l’empereur. Théodore Géricault se pose encore une question : que lui arrivera-t-il personnellement si les généraux continuent de trahir le roi et que les troupes royales avec charrettes et armes rejoignent l’armée de Napoléon ? Peut-être tout abandonner, s’asseoir dans l’immense maison de son père et recommencer à peindre ? .. Cependant, après un court repos dans sa maison parisienne, malgré la fatigue, les doutes, la pluie et la neige fondante, Théodore arrive toujours à l’heure sur son cheval bien-aimé Tricot au lieu de rassemblement…

Pendant ce temps, le temps passe et le roi n’apparaît pas. Les rumeurs de trahison, de fuite des aristocrates, de Bonaparte qui se trouve aux portes de Paris, d’indécision du roi, excitent les esprits des Français. Les militaires ne sont informés de rien, mais ils aperçoivent soudain le carrosse du roi. A grande vitesse, il s’éloigne du Louvre. Le monarque s’enfuit donc, mais où, dans quelle direction ? Puis soudain la voiture s’arrête, le roi ordonne aux troupes de regagner la caserne, et lui-même retourne au Louvre. Il y a une animation dans la ville ; dans certains quartiers, les habitués des cafés boivent déjà à la santé de Napoléon. C’est dangereux de se promener dans la ville sous la forme d’un mousquetaire royal, mais ne peux-tu pas dormir une nuit comme celle-ci ?! Théodore entre dans un café et, avec son uniforme, provoque presque une bagarre. Heureusement, son ancienne connaissance Dieudonné, qui se trouvait là, reconnaît Théodore et règle le tout. Dieudonné revient auprès de l’empereur, mais il n’oublie pas Théodore, qu’il connaît depuis l’enfance et pour qui il a servi de modèle pour l’un des tableaux. En errant dans Paris, Géricault rencontre d’autres connaissances. La même confusion règne dans sa tête que dans toute la ville. Les pensées se remplacent. Des réflexions sur le passé, le présent et l’avenir de la patrie alternent avec des réflexions sur la peinture. Qu’est-ce qui est mieux pour la France : le roi, Bonaparte ou la République ? Pourquoi lui, l’artiste Théodore Géricault, ne court-il pas tout de suite dans son atelier ? Après tout, tout ce qu’il a vu pendant la journée et voit maintenant, c’est une lumière vive au Louvre, où l’ambassadeur d’Espagne est reçu, et l’obscurité de la nuit – tout ne demande qu’une toile. Désormais, il ne pouvait pas travailler pire que son bien-aimé Caravage.

Cependant, ses jambes ne le portent pas chez lui, mais vers ses amis mousquetaires qui, avec d’autres troupes, quittent Paris et, suivant le roi et son escorte déjà partis au milieu de la nuit, se retirent au nord de la frontière. pays. Mais où exactement, par quel itinéraire ? Personne ne le sait, pas même le neveu du roi, le duc de Berry, qui est resté peu de temps auprès de sa bien-aimée Virginie, qui lui a donné un fils l’autre jour. Le roi nomme le maréchal Mezon commandant en chef, mais il ne peut rien organiser non plus – les généraux font ce qu’ils veulent. On ne sait pas où se trouve le siège, mais on sait que dans la soirée du 19 mars, tout son personnel s’est présenté à la chancellerie, a réclamé un salaire et a disparu. A peine les troupes royales avaient-elles quitté Paris qu’une partie d’entre elles avait déjà rebroussé chemin : à Saint-Denis, le général Excelmans, passé aux côtés de Bonaparte, les avait attirés. Les unités fidèles au roi atteignirent le 20 mars, dans du mauvais temps et une boue infranchissable, la ville de Beauvais, d’où venaient de repartir le roi et sa suite. Mais où? Calais puis l’Angleterre ? On ne peut que deviner. Et qu’est-ce qui leur est destiné : y aura-t-il une bataille ici, ou la retraite se poursuivra-t-elle ? Les Beauvaisiens ont peur du retour de Bonaparte. Après tout, les frais de recrutement recommenceront, un hommage sanglant à la guerre, et leur ville est déjà presque entièrement détruite. Et la production en souffrira, qui aura alors besoin de ses textiles ?

A Beauvais, Géricault passe la nuit chez l’épicière veuve Durant. Sa fille, Denise, seize ans, raconta à Théodore qu’il y a un an avait logé chez eux un jeune officier, Alphonse de Pra, qui lui récitait ses poèmes et décrivait à merveille l’Italie. Plus tard, Théodore apprit qu’il s’agissait de Lamartine. Et le même soir, à l’aube, le sous-préfet de la ville reçut la nouvelle que l’empereur Bonaparte s’était solennellement installé au Louvre à Paris. A Beauvais, les chefs militaires et les princes arrivés le matin ne cachent pas leur désarroi : les troupes ne sont pas encore complètement arrimées à la ville, et le général Excelmans, venu les rattraper, est peut-être sur le point d’imposer une bataille. Il faut donc, sans ménager l’argent de l’État, acheter des chevaux, au plus vite pour rejoindre le port de Dieppe et naviguer vers l’Angleterre, même sans instructions directes du roi, qui ne se fait toujours pas sentir.

Parmi ceux qu’on envoie chercher les chevaux se trouve Géricault. La conversation avec le propriétaire du troupeau n’est pas facile, mais les mousquetaires parviennent quand même, grâce à leur assurance, à acheter les meilleurs chevaux. Parmi les chevaux, il y en a un, en costume noir avec une tache blanche sur la patte arrière. Il faut faire attention à ces « petits blancs », ils sont très agressifs. Géricault offre ce beau cheval à son ami Marc-Antoine, qui, en route vers Beauvais, a perdu son cheval bien-aimé. Mais le cadeau s’avère fatal : deux jours plus tard, le cheval, effrayé par un coup de feu inattendu, transporte le nouveau propriétaire, qui ne parvient pas à dégager sa jambe de l’étrier. Le cavalier, dans un état grave, est confié aux soins d’une famille de paysans pauvres et son sort reste incertain.

En entrant dans la ville de Pua, Théodore dut s’arrêter à la forge pour ferrer son Tricot. Il passe la nuit chez le forgeron Müller, chez qui sont arrivés deux hommes – le vieux Joubert et le jeune chauffeur Bernard. Müller est marié à Sophie, pour qui Bernard et le forgeron Firmen ont de l’affection. Au dîner, le regard perçant de Théodore capta les signes d’un drame qui se déroulait dans cette maison. Firmen déteste Bernard, sentant que Sophie est secrètement attirée par cet invité qui se présente régulièrement chez le forgeron. Firmen attend patiemment le bon moment pour affronter l’adversaire. A minuit, Firmen entre dans la chambre de Théodore et l’invite à l’accompagner après Bernard et Joubert à une réunion secrète des conspirateurs. Firmen espère que le mousquetaire royal Géricault, ayant entendu les discours anti-royaux des conspirateurs, fera un rapport sur Bernard, et ainsi se libérera du rival détesté. Une vingtaine de personnes se sont rassemblées dans une clairière proche du cimetière. Ils discutent avec enthousiasme des causes du sort du peuple, accusent principalement les aristocrates et le roi, grondent Bonaparte pour ses guerres et sa ruine sans fin. Combien de personnes, tant d’opinions. Théodore, caché derrière un arbre, pense qu’il est au théâtre et qu’il regarde un drame inconnu. Il s’avère que le prix du pain peut inquiéter et même déranger quelqu’un, certaines sortes de livres de comptabilité provoquent des malédictions parmi les ouvriers, et ces mêmes ouvriers parlent avec espoir d’une sorte de « syndicats ouvriers ». Certains d’entre eux soutiennent que le peuple ne devrait faire confiance à personne d’autre, d’autres soutiennent que Bonaparte peut être ce que le peuple fera de lui, si le peuple lui donne la bonne direction et s’il s’unit lui-même. Géricault sent que quelque chose change en lui. Cette vague de passions humaines le captive et lui apporte une douleur purement physique. Il est venu ici par hasard, mais désormais il sera toujours du côté de ces gens, dont il ne savait pratiquement rien auparavant. Et lorsque Firmen demande avec insistance à Théodore de retourner dans la ville et de tout dire aux autorités royales, qui arrêteront les émeutiers, Théodore jette Firmen avec rage et le frappe au visage.

La nouvelle de la cavalerie d’Excelmans pousse princes et comtes à travers la Manche, mais Théodore Géricault ne pense même pas à l’émigration. A Pua, le mot « patrie » s’est enrichi pour lui d’un nouveau sens, désormais il ne pouvait plus se séparer de la France, laisser les gens dans le besoin et la souffrance. Mais le roi est pressé de quitter la France : d’une part, on ne peut pas tomber entre les mains de Bonaparte, et d’autre part, même les proches qui rêvent de prendre possession de sa couronne sont désormais dangereux. Louis XVIII veut les déjouer tous – après un certain temps, il reviendra avec ses alliés et se protégera de tous les prétendants. Pendant ce temps, des rumeurs courent parmi les soldats du roi selon lesquelles, à Lille, les gardes pourraient rejoindre des armées étrangères à la frontière. Cela signifie que le duc d’Orléans, qui avait assuré il y a deux jours à l’armée que le roi ne demanderait jamais de l’aide aux étrangers et ne les appellerait pas sur le sol français, mentait.

Une émeute se prépare dans l’armée. Certains généraux affrontent ce problème avec la même acuité. Par exemple, le maréchal MacDonald déclare ouvertement au roi qu’il ne franchira pas la frontière. Le moment du choix est venu : fidélité au roi ou fidélité à la patrie. Et le roi lui-même, n’atteignant jamais le port de la Manche, décide de franchir au plus vite la frontière franco-belge jusqu’à Meneno. Sur les places des villes françaises, au lieu de « Vive le roi ! partout ils crient « Vive l’empereur ! » et le Vendredi Saint, ils se rendent à la cathédrale pour la liturgie. Mais Théodore n’est pas à la hauteur des rituels religieux : il n’a pas encore trouvé de réponse par lui-même de quel côté prendre. Il est déjà clair qu’il n’est pas du côté du roi, qui s’est souillé de la honte de la trahison. Mais pourquoi Bonaparte va-t-il mieux ? Après tout, c’est lui qui a dit un jour qu’il ne voulait pas être l’empereur de la populace. Il ne se soucie pas du fait que les gens meurent de faim, et l’armée et d’innombrables policiers le tiennent à distance. Ou peut-être avait-il raison ce jeune orateur qui appelait les royalistes et les républicains à se rassembler contre l’empereur tyran ? Tout cela n’est pas encore réglé. Et maintenant Théodore Géricault, qui était déjà aux limites du possible, à cette heure des Matines de Pâques, n’a qu’une envie : vivre, peindre, regarder les visages des gens, les aimer. Il veut devenir un véritable peintre du monde qui l’entoure.

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