Exposé sur l’amitié et l’Amour dans « Soundiata ou l’épopée mandingue »

I. Introduction

Thèmes majeurs de la littérature, l’amour et l’amitié ont surtout marqué, par leur récurrence, la poésie et les récits romanesques et épiques de tous les continents. L’on peut
affirmer sans risque de se tromper que tous les genres littéraires ont peu ou prou abordé ces
sentiments si complexes et si étroitement liés à la vie humaine. Que de larmes versées, que de suspens, que d’intrigues dramatiques aux dénouements inattendus et parfois tragiques.
Sincérité, fidélité, trahison, meurtre, suicide, passion, jalousie et haine se côtoient, se
succèdent sans se ressembler. L’épopée, parce qu’elle relate essentiellement un combat
physique et viril, occulte les sentiments du héros, souvent présenté comme un monstre au
cœur dur et dépourvu de la moindre parcelle d’amour et d’amitié. Le héros épique, en réalité, si obsédé soit-il par la conquête du pouvoir perdu ou à usurper, n’en demeure pas moins objet d’admiration de son entourage qui, parce que le mythifiant cherche par tous les moyens à le pénétrer pour mieux le découvrir dans toute sa personnalité. Qui plus est, il ne manque point de séduire par ses qualités exceptionnelles mais aussi de se laisser séduire par toutes les nombreuses personnes qui s’offrent quotidiennement en spectacle sous ses yeux. Les plus braves, les plus fidèles, les plus engagées ne peuvent passer inaperçues. D’où donc la naissance possible de sentiments se développant et évoluant inéluctablement vers des relations étroites, appelées amitié ou amour selon le cas.

Le présent travail se propose de recenser les relations humaines évoquées explicitement ou
implicitement dans Soundjata ou l’épopée mandingue de D. T. NIANE, d’en déterminer la
nature et de procéder à une analyse qui aidera à mieux comprendre ce mélange harmonieux
d’humain et de zoomorphe, symbolique à la fois du merveilleux et du surnaturel.

II. Résumé de l’œuvre

Soundjata, fils du roi du Manding Naré Maghan et de Sogolon Djata , la femme-buffle est
désigné par les devins comme l’héritier chargé de la redoutable mission d’agrandir et de
développer l’empire mandingue. Paralysé et rachitique durant toute son enfance, il a été
l’objet de railleries de toutes sortes dans son entourage. Un jour, excédé par les méchantes
paroles de sa marâtre Sassouma Bérété à l’endroit de sa mère qui lui demandait des feuilles de baobab, il se tient debout à l’aide d’une barre de fer, marche énergiquement et transplante miraculeusement, le baobab devant la case de sa mère. C’en est fait, le lion se découvre enfin et proclame sa puissance. Son jeune âge ne lui permettant pas de régner à la suite de la mort de son père, il cède le pouvoir à son demi-frère et s’exile avec sa mère, ses deux sœurs et son autre demi-frère plus jeune que lui, Manding Bory. Sept ans après, il revient au bercail pour vaincre définitivement, grâce à la complicité de sa demi-sœur Nana Triban, le roi du Sosso, l’invincible Soumaoro Kanté dont elle a été l’épouse la plus choyée. L’empire du Mali, atteint son apogée sous le règne de Soundjata et constitue, avec sa charte de Kouroukan, l’ancêtre des États modernes d’Afrique de l’Ouest.

 

III. L’amour

La figure féminine dans ses différents rôles, est la preuve que l’amour n’est point absent de
ces faits guerriers même s’ils sont considérés comme un « jeu des mâles » en milieu bambara.

  1. L’amour entre le roi et la femme-buffle.

Ce n’est certainement pas un hasard si la première parole de ce récit, sortie de la bouche du
griot, contient les termes bon, beau, aimé de tout le peuple, relatifs tous à l’amour au sens
large et que le premier chapitre traite de la femme, objet et symbole d’amour quand bien
même il s’agit ici d’une femme-buffle que le roi, la mort dans l’âme, est contraint d’épouser
malgré la laideur physique qui la caractérise.

« Le roi et son entourage essayaient vainement de dévisager la jeune fille. Elle avait laissé volontairement son foulard pendre devant son visage. Si la jeune fille arrivait à cacher son visage, elle n’arrivait pas toutefois à camoufler la bosse qui déformait ses épaules et son dos ; elle était laide, d’une laideur robuste, on voyait ses bras musclés et se seins gonflés poussant fermement le solide pagne de cotonnade noué juste sous l’aisselle »

C’est là une conception tout de même singulière du mariage quand on sait que, dans la plupart des cultures, il est généralement fondé, sur l’amour au sens de l’éros, librement consenti, souvent entretenu secrètement avant d’être officialisé par le mariage. Comment un roi aussi puissant et aussi beau que Naré Maghan peut-il accepter, sans l’avoir demandé, de prendre en mariage une si laide fille bossue de surcroît? Ici le cœur s’est laissé dominer par la raison, au nom de l’intérêt personnel que constitue la conservation du pouvoir entre les mains de la dynastie régnante. Le mariage fut célébré avec faste mais la consommation en fut impossible tant que la femme-buffle ne retrouvait pas entièrement son état humain. Le recours à des menaces verbales traduit le désir ardent du mari d’accomplir son devoir et de prouver sa virilité qui devra sortir sa désormais épouse de son animalité :

«Sogolon réveille-toi […] le génie protecteur des rois du Manding m’est apparu… je dois te sacrifier à la grandeur de ma maison. Le sang d’une vierge de la tribu des Kondé doit être versé, et c’est toi la vierge Kondé que le destin a conduite sous mon toi… pardonne-moi, mais je dois accomplir ma mission, pardonne à la main qui va répandre ton sang. »

Dans la tradition, hommes et femmes étaient séparés le jour, la nuit personne ne savait ce que se disaient les conjoints. Aimée ou non, Sogolon n’en est pas moins épouse à part entière. Mais il convient de se convaincre sans ambages que ce n’est guère sa présence qui dérange Bérété mais plutôt l’enfant qu’elle attend. Cette femme, elle, aime-t-elle son époux ? Est-elle aimée ? Se préoccupe-t-elle d’amour ou plutôt d’héritage?

Cette union sacrée, dans une optique archétypale, procède d’une initiation pratique du héros épique qui doit être amené à accepter une fois pour toutes, que l’obéissance à la volonté des forces occultes de la tradition est la meilleure école pour apprendre à commander. Naré Maghan, en bon élève s’en est tiré avec succès pour avoir très tôt compris que la laideur physique de son épouse est une épreuve à surmonter pour arriver au but.

  1. L’amour perfide.

En analysant le comportement de Nana Triban, épouse malgré elle, de l’ennemi de son frère,
on découvre un type d’amour particulier fondé sur l’intérêt. Son séjour chez Soumaoro Kanté est mis à profit pour percer les secrets de son époux et préparer la victoire de son frère. Elle y réussira par une stratégie minutieusement mise en œuvre grâce à la complicité de Bala Fasséké, à l’insu de son mari follement amoureux. Nana n’aime pas son mari. C’est son frère Soundjata qu’elle aimerait voir reconquérir le pouvoir et libérer son peuple. C’est une amoureuse du pouvoir de sa propre famille rien de plus comme en attestent ses longues
explications à son demi-frère de retour d’exil :

« Quand tu quittas le Manding, mon frère m’envoya de force à Sosso pour être l’épouse de Soumaoro dont il avait grand peur […] Je devins aimable avec Soumaoro et je fus l’élue parmi ses nombreuses femmes. J’eus ma chambre dans la grande tour où il habitait lui-même. Je savais le flatter et le rendre jaloux. Bientôt je devins sa confidente, je feignis de te haïr et de partager la haine que ma mère te portait […] Une nuit j’attaquai à fond […] Cette nuit il m’introduisit dans sa chambre magique et me dit tout […] Alors je redoublais d’ardeur à me montrais fidèle à sa cause »…

Le roi Sosso, victime de la machination de sa jeune femme qu’elle aime à mourir s’est trop fié à elle ignorant certainement l’avertissement du sage Kocc Barma à propos de la femme :
« aime mais ne t’y fie pas ». Combien de femmes ont-elles révélé à l’ennemi les secrets de
leur époux ? Combien ont-elles livré leur mari à l’ennemi ? Combien ont-elles, pour des intérêts bassement matériels, empoisonné leur époux ? Beaucoup d’hommes sont pris dans le piège de leur propre épouse qui était l’instrument de l’ennemi tapis dans l’ombre. S’aimer
n’est-ce pas se confier l’un à l’autre ? La trahison, l’infidélité, les coups bas sont légion dans
les relations humaines. Le roi sorcier, victime de haute trahison de sa jeune épouse commet de son côté un acte ignoble qui le ravale à un rang des plus inférieurs.

En effet, l’inceste, conçu comme relations amoureuses coupables et condamnées par la
société est commis par le roi du Sosso qui s’empare de la femme de son neveu Fakoli Koroma. Ce dernier lui déclare ouvertement la guerre et s’alliera d’ailleurs à Soundjata pour
le vaincre définitivement comme il l’avertissait en ces mots :

« Puisque tu n’as pas honte de
commettre l’inceste en enlevant ma femme, à partir d’aujourd’hui, je suis libéré de tous liens envers toi. Je serai désormais du coté de ses ennemis, à mes troupes je vais joindre les
malinkés révolté et je te faire la guerre. »

  1. L’amour maternel / l’amour filial

Naturellement, Sogolon aime ses enfants mais plus particulièrement son fils Soundjata, sa seule raison d’être épouse du roi Naré Maghan en acceptant de se départir de son double animal. C’est au nom de l’amour qu’elle voue à son fils qu’elle choisit l’exil pour le mettre à
l’abri des multiples tentatives de liquidation physique dont il est l’objet dans le palais
paternel. L’accompagnement de la mère, plein d’enseignement et d’affection a duré, à
quelques heures près, les sept ans de l’exil. Et la mort intempestive de Sogolon, placée juste
à la veille du retour de sa progéniture à la terre natale, prouve que la mère, eu égard à ses plus chers vœux, ne peut supporter l’événement tant attendu quand on sait que l’itinéraire est parsemé de multiples embûches. La reconquête du pouvoir requiert d’innombrables péripéties aussi dures que variées. On est fondé à croire qu’en rendant l’âme, Sogolon Djata libère ainsi son fils de ce lourd fardeau de traîner dans les champs de batailles une vieille mère malade.

De même, le fils a, maintes fois, extériorisé son amour débordant pour sa mère dont la laideur était l’objet de commérages des femmes de la cour royale sous la houlette de sa marâtre Bérété. Son infirmité congénitale le cloua près de sa mère. C’est sans doute, l’amour qu’il nourrit pour sa mère qui l’a poussé à déraciner et transplanter le baobab et relever ainsi le défi lancé à sa mère par la première épouse de son père. Même la prière qu’il formule de voir mourir sa mère, ne saurait être interprétée comme une perte d’amour en vers elle ; loin s’en faut. En réalité, telle que formulée en ces termes :

« si je dois réussir dans la reconquête du
Manding, Tout-Puissant, faites que j’enterre ma mère en paix, ici »

La prière ne traduit nullement une volonté manifeste de se débarrasser d’elle. Elle participe plutôt de sentiments de pitié profonde : Soundjata refuse de lancer à nouveau sa mère dans une rude épreuve sachant que sa mission est arrivée à terme dès l’appel lancé par le peuple du Manding. La mère a accompagné et protégé le fils qui a bénéficié d’une complète formation au cours de son exil grâce à l’amitié multiséculaire entre les royaumes voisins que nous allons présentement aborder.

IV. L’amitié

  1. L’amitié et l’exil

C’est grâce à l’amitié entre le Niani et le Wagadou que le jeune Soundjata, sous la direction
de sa mère, trouve hospitalité, protection et encadrement auprès de ses voisins. D’abord chez le souverain Cissé qui l’accueillit en ces termes pleins d’affection :

« Jamais un étranger n’a pris notre hospitalité en défaut ; ma cour est votre cour, mon palais est le vôtre. Vous êtes chez vous ; de Niani à Wagadou, considérez que vous n’avez fait que changer de chambre. L’amitié qui unit le Manding et le Wagadou remonte à une époque très éloignée, les anciens et les griots le savent ; ceux du Manding sont nos cousins »

Ensuite à Mema, Sogolon et se enfants, généreusement reçus dans le somptueux palais du roifurent au comble du bonheur : Moussa Tounkara fut très affable. Il dit à Sogolon :

« Soumala, mon cousin vous recommande, cela suffit, vous êtes chez vous. Vous resterez ici aussi longtemps que vous le voudrez […] Il prit le fils de Sogolon dans ses bras et dit : c’est le destin qui t’envoie à Mema, je ferai de toi un grand guerrier ».

Rassurés d’être entre de bonnes mains, Sogolon et sa progéniture ne furent guère dépaysés grâce à l’amitié ancestrale qu’aucune génération n’avait le droit d’altérer. En dépit de la différence d’âge entre le roi et son hôte, les règles d’honneur et de bienséance furent scrupuleusement observées. Autant Soundjata s’est comporté de manière exemplaire autant Moussa Tounkara l’a comblé d’affection de considérations de toutes sortes jusqu’à l’élever au rang de vice-roi. Les relations étaient finalement si solides que le départ précipité de Soundjata, mal interprété par le roi Tounkara a failli créer un incident diplomatique. Heureusement l’amitié fut sauvegardée, le malentendu étant sacrifié à l’autel de la raison. C’est l’amitié donc qui fera de Mema à la fois terre d’asile du futur souverain du Niani et dernière demeure de la femme buffle et probablement futur lieu de pèlerinage du Manding libéré.

  1. L’amitié entre Soundjata et son griot Balla Fasséké.

De son vivant, Naré Maghan a solennellement scellé les relations entre son fils et le fils de
son griot dans cet entretien empreint d’émotion et riche d’enseignements précieux :

« MariDjata, je me fais vieux, bientôt, je ne serai plus parmi vous ; mais avant que la mort ne
m’enlève, je vais te faire le cadeau que tout roi fait à son successeur. Au Manding, chaque
prince a son griot : le père de Doua a été le griot de mon père ; Doua est mon griot ; le fils de Doua, Balla Fasséké que voici sera ton griot. Soyez dès ce jour des amis inséparables : par
sa bouche tu apprendras l’histoire de tes ancêtres, tu apprendras l’art de gouverner le
Manding selon les principes que nos ancêtres nous ont légués. »

L’amitié imposée comme héritage légitime, acceptée de part et d’autre sera momentanément interrompue : d’abord par le frère de Soundjata qui lui arracha de force son griot, ensuite par le séjour de ce dernier retenu dans la cour de Soumaoro, roi du Sosso et enfin par l’exil qui aura duré sept ans. Malgré tout, la fidélité n’a pu être altérée ni du côté du griot ni de celui du prince. Le griot a su mettre à profit son séjour chez l’ennemi de son ami pour ourdir son complot avec Nana Triban consistant à gagner la confiance du roi sorcier, à percer ses secrets, à s’évader pour aider Soundjata à l’anéantir définitivement. La conversation des deux amis après cette longue séparation révèle la solidité des relations. Les rôles dévolus respectivement à l’un et à l’autre furent rappelés et reprécisés par Balla Fasséké en ces termes complémentaires :

« je suis la parole et toi tu es l’action.»

Cela traduit le degré de l’amitié entre le prince et son griot qui sont prêts à tout partager. Le griot a risqué sa vie en s’introduisant frauduleusement dans les appartements intimes du palais de Soumaoro qui l’aurait tué s’il n’était pas tombé sous le charme flatteur du chant improvisé. Il a donc risqué sa vie en voulant percer les secrets de l’ennemi de son ami. Aussi est-il considéré comme un membre à part entière de la tribu des Keita comme le prouvent ces lignes :

« au point du jour, Soundjata suivi de Balla Fasséké et de quelques membres de la tribu royale du Manding se rendit au pied d’un grand rocher ; il sacrifia cent coqs blancs aux génies de la montagne. »

Au cours de la bataille, Soundjata était collé à Balla qui lui tenait compagnie dans les lieux
redoutés et mystiques, en l’absence de tous : « puis Djata, accompagné par Balla Fasséké
seulement, alla à la recherche de la mare… »22 Ce privilège est bien mérité par ce griot prince, cet ami d’enfance comme il en existait chez les wolofs d’antan tel que rapporté par Bassirou Dieng :

« Dans l’organisation du groupe des griots wolof il existe deux sous-groupes
qui de par leur implication dans la cour royale, ont une place centrale ». Il s’agit du baj gewel
et du fara junjun. N’eut été l’appellation griot on les aurait confondus sans doute avec des
princes. »

  1. L’amitié entre frères

Il arrive que des frères s’aiment l’un l’autre et restent complices, confidents et protecteurs
mutuels. C’est le cas de Soundjata et son frère Manding Bory. La protection de ce dernier,
plus vulnérable que son frère est selon le narrateur, le principal mobile de l’exil.

« Soundjata l’aimait beaucoup ; depuis la mort de Namandjé l’enfant avait été recueilli par Sogolon ; Soundjata avait trouvé en son demi-frère un grand ami. On ne choisit pas ses parents, mais on peut choisir ses amis. Manding Bory et Soundjata étaient de véritables amis et c’est pour sauver son frère que Djata accepta l’exil »

La réponse laconique de Montaigne à la question relative à ses relations avec son ami La Boétie.

« parce que c’était lui, parce que c’était moi »

Sied parfaitement ici pour traduire le caractère indicible des sentiments. En plus, les deux frères étaient par-delà le sang, liés par la même ambition de reconquérir le pouvoir, projet mûri, avant et pendant l’exil qui les rapprocha d’avantage. Les fonctions de vice-roi confiées à Manding Bory par son frère devenu roi est la concrétisation du partage.

  1. L’amitié entre la vieille femme et le Simbon

Les marques de sympathie et de générosité du chasseur à l’égard de la vielle sorcière qui
demandait l’aumône aux routiers sont à la base de la coopération, plutôt de la complicité
spontanée qui lui permit de réussir là où périrent cent sept chasseurs :

«Chasseur, Dieu te rende l’aumône que tu m’a faite. Je sais que vous allez tenter votre chance contre le buffle de Do […] Ton cœur est généreux et c’est toi qui sera vainqueur du buffle. Je suis le buffle que tu cherches. »

Peut-on parler ici d’amitié entre une personne et une non personne ? Si l’on se réfère à l’épopée de Gilgamesh, l’amitié entre Gilgamesh (deux tiers dieu un tiers homme) et Enkidou homme vivant parmi les bêtes peut être citée en exemple, l’alliance des deux héros, étant contre nature. En effet, le Simbon comme on le sait, n’est point un homme ordinaire ; c’est grâce à son pouvoir occulte qu’il parvient à dompter les animaux les plus féroces et à communier avec les éléments de la forêt. N’eût été son amitié avec la vieille femme son opération serait vouée à l’échec, le secret étant jalousement gardé par devers celle-ci.

V.  Conclusion

Des scènes amoureuses, des ébats érotiques, des paroles d’amour, des comportements traduisant la passion ou le chagrin d’amour ne sont pas explicitement mentionnés dans ce récit épique comme on en voit dans certains textes littéraires de l’occident. Pour autant, vous l’avez constaté, l’amour n’y est point absent car comme le dit si bien Hervé Bazin

« Une vie sans amour est une vie sans soleil. »

L’amour est abordé ici sous un angle tout à fait opposé : Il est dit dans un langage voilé. Le narrateur, vu son statut social de détenteur de l’histoire et gardien des valeurs cardinales de la société, ne peut tout dire, comme il tient à le préciser lui-même à la fin de son récit :

« J’ai prêté serment d’enseigner ce qui est à enseigner et de taire ce qui est à taire».

Il se garde d’offenser des descendants de familles se réclamant fièrement de telle ou telle lignée. La face cachée des grandes figures de l’histoire ne se dévoile pas au grand jour sur la place publique surtout lorsqu’il s’agit de domaine tabou comme l’amour. Quant à l’amitié, elle a occupé sa place dans l’épopée manding où elle a joué pleinement son rôle d’unification, d’hospitalité, de générosité et de solidarité entre royaumes voisins mais aussi entre compatriotes. Mais, il faut le reconnaître, le véritable amour que porte le héros épique dans son cœur, c’est incontestablement l’amour de sa terre natale, de son empire et de son peuple. Les grands hommes sont au-dessus des sentiments qui les freinent dans leur élan de poursuivre leurs nobles objectifs.


Cet article intitulé « Exposé sur l’amitié et l’Amour dans « Soundiata ou l’épopée mandingue  » vous présente un exposé qui nous a été envoyé par un des nos lecteurs. Zakweli ne peut pas donc être tenu responsable quant à la qualité de son contenu.

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