Résumé du roman « Les Racines du ciel » de Romain Gary

Le roman commence par une rencontre entre le père Tassin, soixante-dix ans, membre de l’ordre des Jésuites, et Saint-Denis, directeur d’une grande réserve d’État en Afrique équatoriale française. Le Père Tassin est un scientifique en Afrique qui teste ses hypothèses paléontologiques et a la réputation parmi les missionnaires d’être plus préoccupé par la science des origines humaines que par le salut de l’âme. Saint Denis fait partie de ces fonctionnaires coloniaux épris d’Afrique qui, après avoir longtemps travaillé comme administrateur dans l’arrière-pays, ont beaucoup fait pour soulager le sort de la population locale. Cependant, sa longue expérience de vie l’a rendu pessimiste et il ne croit pas à la capacité des organismes d’État à prendre des mesures radicales pour protéger les personnes et la nature dès l’avènement de la technologie. Saint Denis n’aime pas la civilisation, il est obsédé par l’idée de sauver les Africains noirs de l’Occident matérialiste, en les aidant à préserver leurs traditions et croyances tribales, en empêchant les Africains de suivre les traces des Européens et des Américains. Admirateur des rites africains, il est ami avec les sorciers locaux, avec lesquels il a même un accord selon lequel il le transformera après sa mort en arbre africain. Auparavant, il avait même regretté de ne pas être né avec une peau noire, car il considérait les Africains comme des enfants de la nature. Mais maintenant, il déclare avec regret qu’ils s’éloignent de plus en plus de la nature, parce que les révolutionnaires locaux empoisonnent l’Afrique avec des poisons occidentaux et parce que seuls des mots de haine subsistent sur les slogans des libérateurs noirs.

Le Père Tassin lui fit un voyage à cheval très long et difficile pour écouter l’histoire de Saint-Denis sur Morel et tout ce qui le concernait. Morel est le personnage principal du roman. Romantique et idéaliste, il tente de protéger de l’extermination les éléphants, exterminés sans pitié par les chasseurs blancs pour leurs défenses et la population locale noire pour leur viande. Morel a réussi à survivre dans un camp de concentration allemand grâce au fait que lui et ses camarades pensaient à ces animaux forts et libres marchant à travers les étendues infinies de l’Afrique. Il essaie de les sauver en partie par gratitude, mais surtout parce qu’il relie au salut des animaux aussi le salut de l’humanité renouvelée, ressuscitée grâce à eux. Il rêve de quelque chose comme une réserve historique, semblable aux réserves africaines, où la chasse est interdite. Dans cette réserve, toutes les valeurs spirituelles des hommes doivent être préservées afin de les transmettre à leurs arrière-petits-enfants.

Les principales armes de Morel sont les appels et les manifestes, qu’il propose de signer à tous ceux qu’il croise sur son passage. Il n’y a pas beaucoup de gens prêts à signer, mais peu à peu un groupe de personnes sympathisant avec lui se forme autour de Morel. Certains d’entre eux partagent sincèrement ses inquiétudes. C’est tout d’abord le naturaliste danois Per Quist, qui a commencé sa lutte pour la préservation de la nature presque au début du siècle. Une autre alliée fiable, ou plutôt alliée, est l’Allemande Minna. Une fois à Berlin d’après-guerre, cette belle fille s’est liée d’amitié avec un officier soviétique, qui a payé cette amitié soit par la liberté, soit très probablement par la vie. Après quoi Minna, ayant perdu tout intérêt pour la vie, tomba jusqu’au fond. La lutte pour la préservation de la faune est devenue pour elle la lutte pour retrouver la dignité humaine. Un autre sympathisant de Morel est l’ancien pilote américain Forsyth, qui a combattu autrefois en Corée et, après avoir été abattu, a été contraint, pour s’échapper, de participer à une opération développée par les organismes de propagande chinois et nord-coréens, dont le but Il s’agissait de convaincre l’opinion publique mondiale que les forces américaines utilisaient des armes bactériologiques. En conséquence, à son retour de captivité, la vie à la maison lui était impossible. Il a été expulsé de l’armée en disgrâce et, après avoir quitté illégalement les États-Unis, il s’est rendu en Afrique et s’est réfugié au Tchad, et là, reconnaissant la justice des actions de Morel, il est devenu son allié.

Parmi les adversaires de Morel, on distingue tout d’abord un certain Orsini, chasseur-athlète. Pour donner une idée plus vivante de cet homme, Saint-Denis a recours à une analogie. Il raconte l’histoire d’un écrivain américain qui, ivre, lui expliqua qu’il se rendait régulièrement en Afrique pour y abattre un autre lot de lions, d’éléphants et de rhinocéros. Il fut contraint par la peur de la vie, de la mort, de la vieillesse inévitable, de maladies. avant l’impuissance. Lorsque la peur est devenue insupportable, cet écrivain a tenté de l’identifier mentalement à un rhinocéros ou à un éléphant, à quelque chose qui peut être tué. Après cela, pendant six semaines de chasse, il semble suivre un traitement qui le soulage pendant six mois de son obsession schizophrénique. Quelque chose de similaire s’est produit avec Orsini, dont toute la vie, selon Saint-Denis, a été. une longue rébellion contre sa propre insignifiance, qui vient de lui faire tuer des animaux forts et beaux. Orsini, non sans le courage d’un petit bâtard, défendit sa propre insignifiance contre une idée trop élevée d’une personne dans laquelle il n’avait pas sa place. Il tuait des éléphants pour faire face à son propre sentiment d’infériorité. Étant un antagoniste naturel de Morel, il organise, en opposition à lui, une fusillade massive d’éléphants et finit par mourir d’une mort honteuse, piétiné par les éléphants.

À un moment donné, Morel, voyant que ses pétitions en faveur des animaux ne l’aidaient pas, que les autorités coloniales non seulement ne le soutenaient pas, mais dressaient également toutes sortes d’obstacles, décida de commencer à punir de manière indépendante les exterminateurs d’animaux les plus cruels, pour la plupart de riches planteurs et commerçants d’ivoire. Lui et d’autres personnes partageant les mêmes idées ont incendié leurs fermes et leurs entrepôts avec de l’ivoire. À ses côtés, quelques personnes supplémentaires : certaines d’entre elles ne sont pas en contradiction avec la loi, et d’autres rêvent de libérer l’Afrique de la domination coloniale. Tel est le brillant leader du mouvement de libération Waitari, un bel homme noir qui a reçu une excellente éducation à Paris et qui fut autrefois membre du Parlement français. Il essaie d’utiliser Morel à ses propres fins, bien qu’il soit essentiellement le même antagoniste de Morel, comme Orsini, le même que lui, un ennemi de la nature africaine. Le fait est que, honteux du retard de l’Afrique, il ne veut pas contribuer à son progrès en améliorant progressivement les conditions de vie ; inspiré par l’exemple de l’URSS, il est partisan d’une industrialisation accélérée du continent. Il est prêt à faire de l’Afrique le même camp de concentration que Staline a transformé en Russie, afin de forcer ses compatriotes à abandonner leurs anciennes coutumes et à construire des routes, des mines et des barrages. Et pour cela, il est prêt à détruire tous les éléphants d’Afrique. Se moquant au fond de l’idéalisme de Morel, il l’utilise cyniquement, essayant de faire passer sa lutte pour sauver la nature pour une lutte politique, et donne secrètement à ses jeunes partisans la tâche de détruire le Français naïf afin qu’il puisse être déclaré le premier Blanc qui a donné sa vie pour l’indépendance africaine, et pour créer une légende utile au nationalisme africain. Au même moment, lui et son escouade détruisent un troupeau d’éléphants afin de vendre les défenses et d’acheter des armes avec l’argent récolté. Bien entendu, les ambitions personnelles de Vaitari, associées au complexe d’infériorité inhérent à l’écrasante majorité des personnalités politiques, jouent ici un rôle important.

En fin de compte, il s’avère que dans la lutte contre l’idéaliste Morel, toutes les forces se sont unies, soit intéressées par la destruction des éléphants, soit simplement indifférentes à tout. A la fin du roman, ceux qui étaient avec Morel sont arrêtés, et lui-même part pour la forêt. Peut-être est-il mort, mais l’auteur ne perd pas espoir que Morel soit vivant et continue de se battre quelque part.

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